Islam 4 écoles

Apprendre l'Islam authentique , loin de toute dérive sectaire, selon les plus grands savants Islamiques.

Nom :
Lieu : Lyon, Rhône, France

Etudiant

vendredi, septembre 29, 2006

Erreur et Delivrance, Abu Hamid Al Ghazali




ERREUR ET DELIVRANCE , imam AL GHAZALI




Voici un extrait de son autobiographie traitant de se crise spirituelle :

Cet extrait est tiré de « Al Munqidh mina dalal » (Erreur et Délivrance) de Abu Hamid al Ghazzali que Dieu lui fasse miséricorde.

Il fait dans ce livre son autobiographie tout en exposant les différentes doctrines qu'il a étudiées et en montrant leur écartement du dogme de l'islam. Ainsi, il présente ses vues sur les philosophes, les ésotéristes.

Pour finir par présenter la voie du soufisme authentique (at tasawwuf).

Voici donc une présentation de la spiritualité musulmane, sa méthode et son but.

La voie des soufis

Ensuite, après avoir fini avec ses sciences, je me suis tourné avec toute mon énergie (spirituelle) vers la Voie des Soufis et j'ai su qu'elle ne s'obtient qu'en conjoignant la science et la pratique, car l'essentiel de leur savoir vise à surmonter les obstacles de l'âme (concupiscente) et à se débarasser de ses mauvais caractères et de ses défauts pour vider le coeur de tout ce qui n'est pas Dieu et le parer de Sa seule Mention (Dhikr).

Comme l'apprentissage m'était plus aisé que l'action et la pratique, j'ai commencé par acquérir leur science grâce à la lecture de leurs écrits comme Qut al Qulub d'Abou Talib al Makki (que Dieu sanctifie son âme), les livres d'al Harith al Muhassibi (que Dieu lui fasse miséricorde), Les citations dispersées d'al Junayd, de Shibli, de Abu Yazid al Bistami, que Dieu sanctifie leurs âmes ainsi que d'autres maîtres.

Je l'ai fait jusqu'à ce que j'ai pu connaître le fin fond de la finalité de leur savoir et acquérir ce qu'on peut acquérir de leur approche grâce à l'apprentissage dans les livres et l'initiation directe.

Il m'apparut que ce qu'ils ont en propre ne pouvait être obtenu par l'étude mais par le goût et l'expérimentation directe des états et des changements des qualités de l'âme. Car la différence est incommensurable pour toi entre les définitions de la bonne santé et de la satiété, leurs causes et leurs conditions et le fait d'être toi-même en bonne santé et rassasié !

Entre le fait de connaître la définition de l'ivresse et de savoir que qu'il s'agit d'un état que résulte de la concentration dans l'estomac de vapeurs qui remontent au cerveau qui est le siège de la pensée et le fait d'être toi-même ivre !

Mais plus que cela, l'homme ivre ignore tout de la définition de l'ivresse et de sa science tout en étant lui-même ivre, et il ne possède rien de cette connaissance.

A l'inverse, l'homme sobre connaît la définition de l'ivresse et ses modalités bien qu'il n'y touche pas. De même, dans sa maladie, le médecin connaît la définition de la bonne santé, ses causes et ses remèdes bien qu'il soit lui-même malade.

De la même façon, il y une grande différence entre le fait de connaître la réalité de l'ascèse, ses conditions et ses causes et le fait que ton propre état se caractérise par l'ascèse et le renoncement de ton âme aux attraits du bas monde.

J’ai su alors avec certitude que les soufis sont des hommes réputés pour leurs états spirituels, non leurs paroles, que ce que je pouvais acquérir par voie de savoir, je l’ai obtenu et qu’il ne me restait plus que ce qu’on ne peut acquérir par l’apprentissage, mais uniquement par l’expérimentation et la pratique.

Et j’avais déjà acquis, grâce aux sciences que j’ai pratiquées et aux voies que j’ai empruntées dans la recherche tant religieuse que rationnelle, une Foi marquée par la certitude en Dieu (qu’Il soit Exalté) en la Prophétie et au Jour Dernier.

C’est dire que c’est 3 principes de la Foi se sont ancrés en moi non pas en vertu des arguments, mais grâce à des motifs, à des indices et à des expériences si innombrables qu’il ne m’est pas possible de les évoquer en détail.

Il m’était devenu évident que je ne pouvais aspirer à la félicité de la vie éternelle dans l’Au-delà qu’en craignant pieusement Dieu et qu’en interdisant à mon âme de s’adonner à ses passions et désirs et qu’en sachant que le maître-mot en tout cela consiste à rompre les attaches du cœur avec le bas-monde en se détournat de la demeure des illusions pour se tourner vers la demeure du séjour éternel, et consacré toute mon énergie spirituelle et tout mon être à Dieu (qu’Il soit Exalté)

J’ai donc scruté mon état et j’ai constaté que j’étais empêtrés dans les attaches du bas-monde qui m’encerclaient de toute part. Je me suis tourné vers mes œuvres dont les meilleures portaient sur l’enseignement et l’étude et j’ai constaté que dans cette tâche , j’entretenais un savoir futile et inutile sur la voie de la vie future.

J’ai réfléchi ensuite à la pureté de mon intention à travers mon enseignement et j’ai constaté qu’elle n’était pas entièrement vouée à Dieu qu’Il soit Exalté car elle avait pour mobile et motif la recherche de la renommée et l’extension de la gloire .

J’ai eu alors la certitude que je me trouvais au bord d’un précipice et que j’allais tomber dans la Fournaise si je ne me ressaisis pas à temps.Je n’ai cessé pendant une période d’y penser, tout en restant encore indécis.

Un jour, je prenais la résolution de quitter Bagdad et de rompre cet état, mais le lendemain, je me rétractais et je changeais d’avis, avançant d’un pas et reculant de l’autre. Avais-je ressenti au matin une sincère aspiration pour la vie future que déjà, le soir, l’armée du désir venait de l’attaquer de le réduire.

Ainsi, les plaisirs du bas-monde m’assaillaient et m’enchaînaient sur place tandis que le héraut de la foi m’interpellait et me criait : Il faut partir, il faut partir ! Tout ce que tu pratiques comme savoir n’est que tromperie ! Si tu n’es pas prêt, dès maintenant, pour la vie future, quand le seras-tu ? Si tu ne romps pas maintenant tes attaches, quand le feras-tu.

A ces moments-là l’appel prenait corps en moi et la résolution de tout finir et quitter devenait réelle…

Mais Satan revenait à la charge en me faisant la suggestion suivante :

"Ce n'est qu'un état passager.
Prend garde et ne te laisse pas aller. Cela va très vite passer. Si tu te soumets à cet état et si tu abandonnes tous ces honneurs, cette situation stable à l'abri des soucis et des contrariétés et cette position éminente, loin des attaques des rivaux. Tu risques de la regretter et de ne pas l'avoir de nouveau."

Ces tiraillements entre les assauts des attraits du bas monde et les appels de la vie Future ont duré environ 6 mois, à partir du mois de Rajab de l'année 488 de l'Hégire.

En effet, au cours de ce mois, l'affaire dépassait l'affaire du choix libre et devenait question de nécessité et d'urgence.

Car Dieu a mis un sceau sur ma langue au point que je ne pouvais plus l'articuler pour les besoins de mon enseignement : je m'efforçais de faire ne serait-ce qu'un seul cours pour réconforter mes étudiants qui me rendaient visite, mais ma langue me refusait son concoure et je n'arrivais plus à prononcer le moindre mot.

Et ce noeud qui enchaînait ma langue finit par engendrer de la tristesse dans mon coeur, ce qui affecta gravement mon appétit : je n'avais plus aucun goût pour la mourriture. Mon état ne faisait qu'empirer et mes forces déclinaient dangereusement au point que les médecins perdirent tout espoir de trouver un remède à mon mal.

Dans leur diagnostic, ils estimaient qu'il s'agissait "d'un mal qui a atteint le coeur pour gagner ensuite les humeurs. Il n'y a pas d'autre remède si ce n'est celui de soulager son secret intime (sirr) de l'emprise du souci qui le ronge."Lorsque j’ai ressenti toute mon impuissance et que j’ai perdu totalement toute notion de choix personnel, je m’en suis remis entièrement à Dieu qu’Il soit exalté, en homme nécessiteux, indigent qui n’a aucun moyen propre.

Et je fus exaucé par « Celui qui exauce le nécessiteux quand ils L’implore ». Il a rendu aisé pour mon cœur le renoncement aux honneurs, à l’argent, à la famille et aux amis. J’ai fais alors croire que j’ai pris la résolution de me rendre la Mecque.

En fait, je me préparais à partir au Cham , la Grande Syrie. Je l’ai fait pour éviter qu’un certain nombre de mes amis ne connaissent ma véritable intention de m’installer au Cham. Il m’a fallu donc 1000 précautions pour quitter Bagdad avec la ferme intention de ne plus y revenir. Je m’exposait ainsi aux reproches de l’ensemble des savants de l’Irak (NdT : Ainsi qu’à certains savants des génération postérieures !!!) dont aucun ne pouvait soupçonner un motif religieux dans mon renoncement à ma situation, car ils croyaient que c’était la plus éminente charge religieuse.

Cette situation constituait à leurs yeux le sommet que leur savoir pouvait appréhender.

Mais par la suite, les gens s’embrouillèrent dans leurs déductions.

Ceux qui étaient éloignés de l’Irak croyaient que mon départ fut sur des suggestions de la part des autorités.

Quant à ceux qui en étaient proches et qui voyaient bien l’empressement que mettaient ces autorités à s’attacher à moi et à me combler de leurs prévenances et comment je m’en détournais sans prêter la moindre attention à leurs discours, ils disaient :

« Ceci est un coup du ciel.

Il n’a pas d’autres motifs si ce n’est un mauvais œil qui a frappé les musulmans et la fine fleur des savants. »

J’ai donc quitté Bagdad après avoir distribué presque tout l’argent que j’avais en ne gardant que le strict nécessaire pour moi et mes enfants. En effet, l’argent en Irak est consacré à l’intérêt général dans la mesure où il est investi dans des fondations pieuses destinées aux musulmans.

Or je ne voyais dans le monde d’autre bien que le savant peut mieux utiliser pour sa famille.

Ensuite, je suis arrivé en Syrie où j’ai séjourné environ 2 ans durant lesquels je n’avais d’autre occupation que la solitude, la retraite spirituelle, l’exercice et le combat spirituels.

Car j’était tout occupé à purifier mon âme, à améliorer mon caractère et à rendre mon cœur transparent pour s’adonner au dhikr de Dieu qu’Il soit exalté, tel que je l’ai appris dans les livre des soufis. Je me retirais ainsi plusieurs jours dans la mosquée cathédrale de Damas en montant dans son minaret où je m’enfermais toute la journée.

De Damas, je me suis rendu à Jérusalem où je pénétrais chaque jour dans le Dôme du Rocher après avoir fermé la porte derrière moi.Puis retentit en moi l'appel de l'obligation du Pèlerinage ainsi que l'envie de se ressourcer près des lieux saints, de La Mecque, de Médine et du Dôme où repose le corps de l'Envoyé de Dieu (sallalahou 'alayhi wa sallam).

J'ai ressenti cela après avoir visité la tombe d'Ibrahim, l'Ami de Dieu que la paix soit sur lui. Je me suis donc rendu au Hijaz.

Ensuite, les préoccupations et les appels de mes enfants me rappelèrent dans ma terre natale.

J'y suis retourné alors que j'étais le dernier homme à envisager un tel retour. Mais là aussi j'ai préféré l'isolement par attachement à la retraite spirituelle et à la purification de mon coeur pour qu'il s'adonne au dhikr.

Cependant, le poids des évènements, les soucis de la famille et les contraintes de l'existence désorientaient le sens de ma visée et troublaient la transparence de ma retraite spirituelle. Ainsi je ne retrouvais la pureté de mon état qu'en certains moments.

Malgré cela, je ne désespérais pas de la retrouver; car les obstacles m'empêchaient mais je revenais à la charge.

Cette période dura environ 10 ans et j'ai eu aux cours de mes nombreuses retraites spirituelles d'innombrables dévoilements qu'on ne peut énumérer exhaustivement.

Le peu que je dévoile pour qu'on en tire profit peut se résumer en ceci : j'ai su que les soufis sont ceux qui cheminent, tout particulièrement sur la voie de Dieu, que leur conduite est la plus parfaite, que leur voie est la plus sûre et la plus droite et que leur caractère est le plus pur.

Je dirai plus : même si l'on additionne l'intelligence des hommes, la sagesse des sages et la science des savants avertis des secrets de la loi religieuse pour pouvoir réformer leur conduite et leur caractère ou même les améliorer, on n'y parviendrait pas.

Car tout dans leur mouvement ou leur immobilité, extérieurement ou intérieurement, est puisé dans la lumière de la Niche de la Prophétie. Or, sur toute l'étendue de la Terre, il n'y a pas au-delà de la lumière de la prophétie, d'autre lumière pour s'éclairer.

En somme, que peut-on dire d'une voie dont la purification qui est sa première condition consiste à purifier entièrement le coeur de tout ce qui est autre que Dieu, qu'Il soit exalté, dont la clé qui vaut pour elle l'entrée en état de sacralisation pour la prière consiste en ce que le coeur s'absorbe totalement dans la Mention de Dieu et dont la finalité vise à s'anéantir en Dieu.

Et encore, la finalité n'est envisagée ici que par rapport à ce qui relève du choix et de l'acquisition à ses débuts.

Voilà réellement le début de la voie, et tout ce qui le précède s'apparente au corridor pour celui qui l'emprunte.Dès le début de la voie, se succèdent les dévoilements et les visions présencielles au point qu'en état de veille, les soufis voient les anges et les Esprits des Prophètes; ils entendent leurs voix et tirent profit de leur présence.

Ensuite, avec l’élévation de leur état spirituel, ils voient des formes et des images et atteignent des degrés ineffables que nul ne peut exprimer par des mots sans tomber dans l’erreur.

En un mot, ils finissent dans leur progression par atteindre une proximité que certains imaginent être un incarnation , d’autres la prennent pour une union et d’autres encore pour une atteinte et une arrivée.

Mais tout ceci est faux. D’ailleurs, nous avons montré dans notre al Maqsad al Asna en quoi cela s’avère faux. Car celui qui est effleuré par cette état ne doit pas dire plus que ce qui est exprimé dans ce vers :

Il y eut ce qu’il y eut que je ne vais pas évoquer

Aussi n’y voit que du bien et n’interroge pas sur ce qui s’est passé.

Bref, celui qui n’a pas le privilège d’éprouver cela et de le goûter n’aura connu de la réalité de la prophétie que le nom.

Car les prodiges des saints préfigurent vraiment les débuts des prophètes. C’était d’ailleurs l’état de l’Envoyé de Dieu sallallahou ‘alayhi wa sallam lorsqu’il se rendait dans la grotte de Hira pour s’y retirer avec Son Seigneur et l’adorer au point que les Arabes ont dit : «Muhammad est épris de son Seigneur »

C'est un état qu'éprouve uniquement celui qui emprunte cette voie. Quant à celui qui n'a reçu le don de le goûter et l'éprouver peut-être est-il convaincu de son existence grâce à l'expérience et au témoignage.

Mais il lui faut fréquenter longuement les soufis jusqu'à ce qu'il comprenne cela avec la certitude grâce à l'identité du témoignage sur leurs états.

Ainsi, celui qui assiste à leurs séances finit par acquérir auprès d'eux cette Foi trempée dans la certitude.

Car ce sont des hotes dont les convives ne sont jamais malheureux.

Quant à celui qui ne lui a pas été donné de les fréquenter, qu'il sache que cela est parfaitement possible et même attesté par des témoignages rationnels, irréfutables comme je l'ai indiqué dans le livre "Les merveilles du coeur" de mon Ihya 'ulumuddin.

Or le vérifier au moyen de la démonstration, c'est de la science, éprouver cet état, c'est de la connaissance directe fondée sur le goût et l'accepter favorablement sur la base des témoignages oraux rapportés et de l'expérience, c'est de la foi.

Tels sont les 3 degrés du savoir et "Dieu élèvera de plusieurs degrés ceux parmi vous qui ont cru et reçu la science" (Coran 58,11)

Hormis ces hommes, il n'y a que des ignorants qui nient tout cela et disent : "C'est étonnant, comment peuvent-ils délirer de la sorte !"

Dieu qu'Il soit exalté a dit au sujet de ces hommes :

"Il en est qui te prêtent une oreille attentive, jusqu'au moment où, sortis d'auprès de toi, ils disent à ceux qui ont reçu la science : que vient-il de dire ?

Ceux-là sont ceux de qui Dieu a scellé le coeur. Ils ne suivent que leur passion." (47,16)

Or la réalité de la Prophétie et sa propriété sont l'une des données que j'ai inéluctablement dégagées de la pratique de leur voie. Il convient donc de mettre l'accent sur le principe de cette réalité en raison de son impérieuse nécessité.

Fin de citation.